
Comme je vous l’avais précisé dans mon précédent article Les émotions de nos chiens, le parler chien est un vaste sujet.
Le langage canin est divers et complexe.
En effet, il s’exprime notamment par les 5 sens et les signaux dits d’apaisement (que je préfère appeler signaux de communication).
Des altérations de la communication peuvent également se révéler.
Je vous propose un survol de cette transmission de messages afin de vous donner des pistes de compréhension.

Qu’est-ce que le parler chien ?
La communication de nos chiens se différencie des émotions en ce qu’elle est intentionnelle.
Au sens éthologique, c’est l’émission par un animal d’un signal envoyé à un autre animal chez qui il provoque une réponse comportementale.
Par voie de conséquence, c’est la transmission d’un message composé d’un ensemble de signes d’un individu à un autre.
Mais qui dit message, dit émetteur et récepteur.
Et le chien réceptif tient compte de l’âge de son congénère, de son sexe et du contexte de l’interaction.
Sa réponse tiendra compte de ces différents paramètres.
Donc attention aux interprétations hâtives !
Toutefois en observant les postures de votre loulou, vous pouvez avoir un début de lecture.

Connaître le langage canin, préalable à la communication avec votre chien
Le chien s’exprime en utilisant toutes ses capacités sensorielles et perceptives.
Je vais vous donner un avant-goût des attitudes que votre chien peut adopter.

Avant tout je ne résiste pas à l’idée de vous montrer deux chiens qui se reniflent le derrière (communication olfactive).
Mais pourquoi se reniflent-ils le postérieur ?!
En outre, je vous invite à lire ma publication sur Instagram.

La communication visuelle ou posturale
La queue
Excitation positive ou négative, le chien qui remue la queue n’est pas forcément joyeux.
Par ailleurs, la portée de la queue basse ou haute, ses mouvements plus ou moins intenses reflètent son état émotionnel lors d’interaction mais ces derniers ne peuvent être interprétés sans une prise en compte globale de toute la posture corporelle associée aux vocalisations et au mouvement d’intention du chien.
Certaines races n’autorisent pas une position très variée de la queue.
Ainsi les chiens dépourvus de queue (Berger australien, Jack Russel Terrier, Bobtail, Épagneul breton) se trouvent privés d’un élément important de la communication : c’est un exemple d’altération de la communication.
Variabilité de position et port des oreilles
La communication canine s’exprime également par la position des oreilles.
Les oreilles droites ont tendance à être plus facilement expressives que les oreilles cassées ou tombantes qui s’avèrent moins mobiles.
Les oreilles en avant signent plutôt une attention soutenue, les oreilles en arrière plutôt un état d’inquiétude ou de peur.

Postures corporelles : code social canin
Au cours de l’interaction, plusieurs scénarios sont possibles en fonction de la suite des postures qui se répondent les unes aux autres.
Posture basse (hors prédation)
- Oreilles couchées en arrière
- Queue basse voire très basse et/ou rabattue sur les organes génitaux
- Pattes repliées sous soi
- Taille et allure générales largement diminuées
Cette attitude signifie que le chien n’est pas confiant.
Elle est adoptée pour apaiser l’autre mais aussi en cas de doute, de peur, de douleur ou de tristesse.
Elle reste intentionnelle en ce que le chien transmet consciemment son état émotionnel inconfortable.


Posture haute
- Oreilles droites
- Queue haute
- Pattes tendues mais pas rigides
Ici le chien est confiant, ce qui ne veut pas dire qu’il est agressif.
Il a une bonne représentation de lui-même et ne ressentira pas le besoin d’impressionner son congénère.

Posture très haute
- Taille très augmentée et mouvements raides et rigides
- Démarche presque robotique
- Queue exagérément haute
Le chien veut désinformer son congénère et lui cacher qu’il est très mal à l’aise.

La posture de marche
La marche lente en posture raide signifie plutôt une potentielle menace.
Contre-exemple : l’Akita Inu (pour ne parler que de cette race) rencontre des difficultés avec les autres chiens du sexe identique car sa démarche lente fait partie de sa personnalité.

Cette façon de marcher est dans sa nature mais chez les autres chiens, cela crée une confusion.
Ils perçoivent dans sa démarche des signaux d’attaque. Il est donc souvent pris à partie très jeune par les chiens qu’il croise.
En bref, la vitesse de la marche dépend de la sûreté de soi et de l’excitation.


Mimiques faciales (signaux visuels) ou mouvement d’intention
Ce sont des mouvements incomplets, simplifiés, exagérés voire théâtralisés basés sur des fractions de mouvements ou de comportements.
Certains chiens ont des difficultés à réaliser ces mimiques de façon compréhensible en raison notamment d’un poil abondant (Bobtail, Yorkshire), du lissage facial (Bull Terrier), d’hypertrophie crânienne (Chihuahua), sans parler des races brachycéphales ou à face plate ou à museau court (Bouledogue français, Pékinois) : autres exemples d’altération de la communication.


Le dévoilement des dents
Cette mimique exprime un signal de menace ou un simple défi.
Les incisives seules sont découvertes dans l’intention agressive ; les canines sont découvertes dans l’intention de mordre.
Détournement de la tête
Le chien demande à celui qui est en face d’arrêter de communiquer et ne désire pas entrer dans un conflit.
Il exprime une gêne ou un désintérêt.
Approche oblique
C’est le comportement d’un chien qui avance vers son congénère de manière douce afin d’exprimer son amabilité.
La rencontre entre deux chiens sociables n’est jamais frontale.
En tout cas, lorsque ceux-ci sont en liberté.

Il en va différemment des chiens tenus en laisse.
En effet, la communication des chiens attachés est très difficile d’autant qu’ils ne peuvent s’échapper dans l’hypothèse où l’un d’entre eux serait réactif.
C’est la raison pour laquelle je déconseille les rencontres de chiens en laisse.


Les vocalises
Le chien émet des vocalises qui transmettent des informations.
Les types de vocalises :
- Du nouveau-né : gémissement, jappement
- De l’adulte : aboiement, grondement, grommellement, grognement, hurlement, crachement, cri aigu, gémissement (geignement), jappement
- Signaux non vocaux : claquement de dents, halètement

Le chien nous observe et nous lui parlons
80 % de notre communication est non verbale et le chien a une capacité supérieure à la nôtre à nous observer :
- Posture
- Position corporelle
- Attitude
- Mimiques
- Rythme cardiaque (il se rend compte des variations du rythme et de température)
Vous comprenez maintenant l’importance de notre attitude en présence de notre chien, sans compter l’état émotionnel dans lequel nous nous trouvons (cf. la conclusion de mon précédent article).
Par voie de conséquence, votre poilu sera plus attentif à votre gestuelle lors des consignes que vous lui donnez, comme lui montrer votre main pour le “pas bouger”.
Enfin, nous avons tendance à parler à notre chien en étant persuadés qu’il nous comprend.
Au risque de vous décevoir, c’est faux !
En effet, votre loulou a un langage non verbal, il ne comprend pas ce que vous lui dites, il perçoit le son mais pas le sens du mot.
Il identifie un terme parce qu’il associe la phonétique à l’action.
Par exemple, vous lui dites “on va se promener”.
Hop ! Youplaboum ! Le voilà qui s’agite et se dirige vers la porte.
Il fait la correspondance du son du mot “promener” à la laisse que vous prenez, aux chaussures et au manteau que vous mettez et au sac que vous portez.
Vous lui dites “assis”, il sait que le son correspond au fait de s’asseoir mais vous pourriez tout autant lui dire “chocolat” qu’il s’exécuterait à partir du moment où vous lui avez appris cette consigne avec ce mot.
Par conséquent, le mot en lui-même ne signifie rien pour lui.
Voilà pourquoi lui parler, voire lui raconter votre vie est inutile.
Bien sûr votre chien vous comprend mais pas comme vous le croyez !
Quoi qu’il en soit, libre à vous d’adresser la parole à votre chien et évitez de croire qu’aux yeux des autres vous êtes fous mais sachez qu’involontairement vous parlez surtout à vous-même.

Apprendre à lire et à parler chien
Voilà un aperçu du parler chien.
Désormais vous avez quelques clés pour évaluer les comportements de votre compagnon adoré et de ceux qui lui font face ou l’entourent mais pensez toujours à contextualiser.
Vous pouvez même adopter ses attitudes pour vous faire comprendre, par exemple en détournant la tête ou en lui montrant votre dos, dans une situation bien précise.
Petit jeu : choisissez une posture et faites-moi part de votre interprétation en commentaire.

La suite au prochain épisode !
Christine Malenfant éducateur canin comportementaliste canin et félin